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UNE BALEINE

fatigues, regrettant le moment où je devins associé dans une aventure de baleine.

Pendant quelques jours, je fis des visites quotidiennes à mon établissement baleinier, mais bientôt la chose ne me fut plus possible. L’odeur infecte pénétrait mes habits ; j’en avais plein la gorge et les narines, à tel point que je fus plusieurs jours sans pouvoir manger.

Cependant la nouvelle de l’atterrissage de la baleine dans l’anse St-Patrice (communément appelée le Trou St-Patrice) se répandit partout et l’on accourait de plusieurs milles de distance pour la voir. Elle fut hachée et coupée par morceaux par des gens avides de curiosités, quelques-uns emportant des lambeaux de peaux pour faire des cuirs à repasser, ou pour couvrir de vieux coffres. J’avais bien défendu aux hommes de mentionner mon nom dans cette affaire de la baleine ; peine inutile, chacun semblait savoir que j’en étais le propriétaire. Les journaux se mirent de la partie et publièrent des rapports les plus ridicules au sujet de cette baleine, et, pendant plusieurs jours, je reçus nombre de télégrammes et de lettres de mes amis par tout le pays, me demandant des renseignements touchant la fameuse baleine ; quelques-unes de ces lettres étaient en vérité fort amusantes. D’autres, s’occupant de beaux-arts, me caricaturèrent. L’un me représenta couché dans un lit,