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UNE BALEINE

au point qu’on aurait dit que cette maudite bête était là toute entière, en chair, en muscles, en os, en barbes, etc. Aussi, je me hâtai cette fois d’accepter la première offre qui me fut faite, avant l’arrivée du médecin du port, et je vendis mes neuf barils d’huile trente piastres, à condition qu’ils seraient enlevés sur le champ. Ils devinrent la propriété d’un trafiquant de vieux fer et de cordages et agrès. On me rapporta que celui-ci s’était vanté d’avoir fait une magnifique transaction. Quelques jours plus tard, il trouva un acheteur. Ils allèrent ensemble examiner l’huile, mais à peine avaient-ils ouvert la bonde d’un des barils pour en extraire un échantillon, que le contenu s’éventa et répandit une odeur tellement infecte, qu’ils furent obligés de reculer.

Le fait est que ces neuf barils d’huile ne contenaient rien de plus que de la baleine bouillie à un haut degré de fermentation ; il n’y avait pas une roquille d’huile dans tout le corps de l’animal.

Elle avait évidemment été attaquée de quelque maladie, et croyant peut-être que le changement de température lui serait salutaire, elle avait quitté la mer pour les eaux douces, où elle mourut et flotta jusque sur la batture de sable où elle fut trouvée (à mes dépens).

Je me composai, en face de tous ces revers, la