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I


LAMARTINE




Je n’ai connu Lamartine que tard, en 1848. Il avait été le charme et l’idole de ma jeunesse, comme il le fut de tous mes contemporains, nés en même temps que les Méditations. Je l’admirais en silence et de loin, n’étant pas de ceux qui forcent la porte des grands hommes, sous prétexte d’admiration. Une fois, cependant, j’avais été tenté de lui révéler mon existence et mon culte. C’était à l’occasion de la mort de sa fille. J’avais seize ans, et je venais de lire son Voyage en Orient. Certaines pages m’avaient profondément ému ; je les avais mouillées de mes larmes. J’essayai de traduire en vers les sentiments que m’inspirait