Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/116

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L’épisode des noces du roi Cléomadès avec sa bien-aimée Clarmondine donne une idée très exacte de ce qu’était, au xiiie siècle, le rôle des instruments de musique :

Se vous à ce point là fussiez
Planté d’estrumens oyssiez :
Vièles et sauterions,
Harpes, gigues et canons,
Leiis, rubèbes et kitaires,
Et ot en plusieurs liens nacaires
Qui moult très grand noise faisoient.
Mais fors des routes mis étoient.
Cymbales, rotes, tympanons
Et mandoires et micamons,
I ot, et cornes et doucaines
Et trompes et grosses araines,
Cors sarrazinois et tabours
I avoit moult en lieus plusours ;
Estrumens de mainte manière
I ot, et avant et arrière,
De toutes parts et de tous lés
Que ne vous ai pas nommés.
Car maint pays i estoient
Ménestrel qui assez savoient
De ce K’assiert à Ménestrel.

Un nommé Blegabres, jongleur du xiiie siècle, est appelé par Robert Wace le dieu des jongleurs et des chanteurs :

Blegabres régna après li.
Cil sot de nature de cant,
Oncques nus n’en sot plus, ne tant :
De tes estrumens sot maistrie,
Et de diverse canterie ;
Et mult sot de lais et de note.
De vièle sot et de rote.
De lire et de satérion,
De harpe sot et de choron,
De gighe sot, de simphonie.
Si savoit assés d’armonie ;