Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/164

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Employés comme termes collectifs, les mots viel ou vieller se rapportent souvent à l’action de jouer des rotruenges, et, dans ce cas, doivent désigner la rote :

Se pot avoir moi un viel
Tot moi diser bon rotruel.

(Roman du Renard.)

Viellent menestrel rotruenges et sons.

(Du Cange, Suppl. au Gloss.)

Le nom de rotulæ a été donné à des espèces de noëls, que l’on chantait autrefois dans les églises pour bercer l’enfant Jésus.

On voit la rote figurer dans les bals et dans les fêtes :

Quand les tables furent ostées
Les rotes se sont arotées
Pour dansier et faire festes.

(Ms. de M. Douce[1].)

Vers 1320, Mario-Sanuto l’indique parmi les instruments destinés à une croisade : « … et aliqua alia genera dulcia musicorum, ut sunt violœ, cytharœ et rotæ[2]. »

Eustache Deschamps cite encore la rote :

Plourez harpes et cors sarrazinois
La Mort machault la noble rhétorique
Rubèbes, leuths, vielle, syphonie,
Psalterions, tous instrumens coys,
Rothes, guiterne, flaustes, chalemie,
Traversaines, et vous nymphes de boys,
Timpane aussi mettez en œuvre dois ;
Et le choro n’y ait nul qui le réplique
Faictes devoir plourez, gentils galois,
La Mort machault la noble rhétorique

Roteor est mis pour joueur de rote, par d’anciens poètes,

  1. De la Rue, t. I, p. 117.
  2. Mario-Sanuti. Secreta Fidelium Crucis, lib. II, pars IV, cap. xxi. contenu dans le Gesta Dei per Francos, Hanoviæ, 1611.