Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/254

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Jean Rousseau donne les renseignements suivants sur le « violone » ou contrebasse de viole :

« Les premières violes dont on a joué en France estoient à cinq chordes et fort grandes, leur usage estoit d’accompagner ; le chevalet estoit fort bas et placé au-dessous des ouyes, le bas de la touche touchoit à la table, les chordes estoient fort grosses et son accord estoit tout par quartes : sçavoir, la chanterelle en C sol ut, la seconde en G ré sol, la tierce ou troisième en D la ré, la quatrième en A mi la, et la cinquième, qu’ils appeloient bourdon, estoit en E si mi. La figure de cette viole approchoit fort de la basse de violon.

« Dans la suite, on a changé cette figure en celle des violes dont nous nous servons aujourd’huy, à la réserve du manche ; car il estoit rond et massif et trop penché sur le devant, outre que l’instrument estoit fort grand, en sorte que le père Mersenne dit que l’on pouvoit enfermer un des jeunes Pages de Musique dedans pour chanter le dessus pendant que l’on jouoit la basse, et il dit de plus que cela a esté pratiqué par le nommé Granier devant la royne Marguerite, où il jouoit la basse et chantoit la taille, pendant qu’un petit page enfermé dans la viole chantoit le dessus[1]. »

Granier, le héros de cette histoire, mourut vers 1600. Il fut un des premiers à se faire remarquer sur la basse de viole, et devint l’un des sous-maîtres de la chapelle du roi, après avoir été au service de Marguerite de Valois. Cette princesse, qui était fort belle, mais impérieuse et vindicative, faisait, sur les plus légers prétextes, fustiger de coups de bâton un autre de ses musiciens nommé Choisnin[2].

  1. Traité de la viole, p. 19.
  2. Histoire de la musique, par Blondeau, t. I, p. 285.