Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/310

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Corrette, le fameux Corrette, celui dont les élèves étaient appelés par dérision les anachorètes (les ânes à Corrette), vint aussi à la rescousse, en inventant la viole d’Orphée !

Il explique le nouvel inslrument dans un ouvrage ayant pour titre : Méthodes pour apprendre à jouer de la contrebasse à 3, à 4 et à 5 cordes, de la quinte ou alto et de la viole d’Orphée, nouvel instrument ajusté sur l’ancienne viole, utile au concert pour accompagner la voix et pour jouer des sonates, etc., par M. Corrette, Paris, 1780.

Voici le boniment de l’auteur :

« L’ancienne basse de viole, après avoir brillé à la cour et à la ville, à la fin du xviie siècle et au commencement de celui-ci, se vit préférer le violoncelle. Malgré la défense qu’en prit M. l’abbé Le Blanc…, elle périt d’orgueil à ses yeux et fut trop heureuse de se retirer dans un petit sentier des Champs-Elysées, où elle a fait sa cinquantaine dans un silence perpétuel, et sans être regrettée d’aucun amateur.

« L’essai que je fais aujourd’hui de la retirer de son exil dans la manière d’en jouer expliquée au chapitre dixième, me fait croire qu’elle durera présentement aussi longtemps que le jeu de l’oie renouvelé des Grecs.

« Je la présente au public sous le nom de viole d’Orphée, parce que je suppose qu’Orphée, pour charmer la cour infernale, quand il fut pour retirer des Enfers son Euridice, choisit l’instrument le plus mélodieux, le plus touchant et le plus analogue à la voix, telle qu’est en effet notre viole d’Orphée, sur laquelle on pourra jouer non seulement la basse continue, mais encore des sonates, sans avoir l’embarras de démancher à tout moment, car ce n’est que la différence des sons aigus qui peut faire plaisir à l’oreille et non la difficulté de les exécuter.

« Les dames, en jouant de notre viole d’Orphée, n’en paraîtront que plus aimables, l’attitude en étant aussi avantageuse que celle du clavecin. Si les dames n’ont point