Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/60

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Ainsi que nous l’avons déjà dit, le crouth n’était autre qu’une lyre pincée à caisse plate, et aménagée pour être jouée avec l’archet afin de pouvoir y faire entendre des harmonies soutenues. Cet aménagement consistait dans l’adjonction : 1° d’un chevalet, servant à surélever les cordes au-dessus de la table, et remplissant en même temps les fonctions de l’âme ; 2° d’un manche, surmonté d’une touche, et placé en dessous des cordes.
crouth à six cordes
Dont on aurait supprimé
l’encadrement du manche.

Le lien, dont parle Gruffydd Davydd, est sans doute la courroie qui se voit sur le dessin du crouth à six cordes. On pouvait donc le jouer soit assis, comme sur le manuscrit de Limoges, ou bien debout, en le suspendant au cou.

Nous donnons le dessin d’un crouth à six cordes, dont on aurait abattu les deux angles du haut de la caisse, depuis le bas des ouvertures jusqu’à la place occupée par les chevilles, afin de dégager le manche et de le rendre complètement libre. Ainsi allégé, le crouth ressemble à un battoir, auquel il suffira d’arrondir les coins, selon le caprice et la fantaisie, pour obtenir les différents modèles de vièles du Moyen Âge ; et si l’on y pratique alors des échancrures, en forme de C plus ou moins ouverts, sur les côtés, pour le passage de l’archet, on aura la forme de la viole et celle du violon.

Ajoutons que les instruments ci-dessus désignés, la vièle, la viole et le violon, ont toujours été montés d’un assez grand nombre de cordes, et que, parfois, la vièle et la viole possédèrent des bourdons ; tandis que le rebec et la