Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/61

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gigue, instruments qui dérivent de la lyra, n’eurent jamais plus de deux ou trois cordes.

Peut-être le corps sonore des premiers crouths a t-il été fait avec un morceau de bois creusé sur lequel on fixait la table de dessus. Si l’on admet cette hypothèse, on ne peut nier qu’à cause de la forme de sa caisse de résonance, il n’en contenait pas moins le principe des éclisses, base de la construction des instruments à archet modernes.

Pour cette raison, le crouth doit être considéré, à juste titre, comme le Protée de l’art instrumental. En se modifiant à diverses époques, il a produit des types principaux qui méritent de fixer l’attention par la place importante qu’ils occupent dans l’histoire de la musique.

Son premier dérivé, la vièle à archet des ménestrels et des trouvères, a joué un rôle prépondérant pendant tout le Moyen Âge. Les violes qui vinrent ensuite, alimentèrent presque à elles seules la musique instrumentale des xve, xvie et xviie siècles. Quant au violon, sa dernière et définitive transformation, nous lui devons la famille des instruments à cordes et à archet composant le quatuor moderne, qui est l’assise solide de nos orchestres.

Si le crouth a mis onze siècles pour atteindre son état de perfection sous forme de violon, chaque étape de cette longue période est marquée par une heureuse modification apportant de nouveaux moyens d’exécution dont l’art musical fut appelé à bénéficier. Ici, comme en toute chose, le progrès n’est venu qu’après l’invention ou le perfectionnement dont il était la conséquence naturelle. Et ceux qui, au début du xvie siècle, donnèrent la forme définitive au violon, ne devaient guère prévoir le brillant avenir qui était réservé à cet instrument, ni la variété d’effets et les nombreux moyens d’expression dont ils venaient d’enrichir la langue musicale.