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une société de concerts spirituels au profit des pauvres[1].

En possession de son privilège, Philidor installa ses concerts dans la grande salle des Suisses aux Tuileries[2] ; mais il fut dans l’obligation de payer une redevance annuelle de 6 000 livres à l’Opéra, qui avait alors le monopole des auditions lyriques.

Commencé à six heures du soir, le concert finissait à huit heures. Il y avait trois sortes de places que l’on payait : le parquet, trois livres tournois ; les galeries, quatre livres tournois ; les loges, six livres tournois.

L’entreprise réussit à merveille ; la plus haute société parisienne s’y donnait rendez-vous ; aussi le succès fut-il très grand dès le début et se maintint jusqu’en 1790, époque où le Concert spirituel disparut dans la bourrasque révolutionnaire.

Cette institution acquit bientôt une réputation européenne. Tout artiste de quelque valeur tenait à s’y faire entendre pour la consécration de son talent. C’est là que les violonistes les plus habiles se produisirent devant le grand public. Nous savons par le Mercure de France qu’ils y occupèrent une place très importante, dès la première année :

« Le concert du palais des Tuileries, que le sieur Philidor fait exécuter, et dont nous avons déjà rendu compte au public, continua avec les mêmes applaudissements le lundy de Pâques jusqu’au lendemain de Quasimodo. Ce qu’il y a de bien piquant pour le public dans ce dernier concert, c’est une espèce d’assaut entre les sieurs Baptiste, français, et Guignon, piémontais, qu’on regarde comme les deux meilleurs joueurs de violon qui soyent au monde. Ils jouèrent tour à tour des pièces de symphonie, seulement accompagnéz d’un basson et d’une basse de viole ; et ils furent tous deux extraordinairement applaudis[3].

  1. Alexis Rostand. La musique à Marseille, Paris, 1874. 1 vol. in-12, p. 9.
  2. Depuis, celle des maréchaux.
  3. Mercure de France, avril 1725, p. 836.