Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cien, datant de Louis XIV, est représenté, en marqueterie de bois de couleur, un personnage grotesque qui joue d’une contrebasse à quatre cordes assez exactement reproduite[1].

Certains auteurs assurent que la contrebasse figura à l’orchestre de l’Opéra à partir de 1700. D’autres, qu’elle n’y entra qu’en 1706, lors de la première représentation d’Alcyone, opéra de Marais, dans lequel il y avait une tempête qui resta longtemps célèbre. Fétis déclare que c’est en 1707 qu’elle y parut pour la première fois. Mais tous sont unanimes à déclarer que le premier qui l’y joua est le compositeur Montéclair, l’auteur de Jephté, opéra en cinq actes, représenté en 1732. Michel Montéclair était né en 1666, à Chaumont en Bassigny ; il mourut en 1737, près de Saint-Denis.

En 1757, il n’y avait encore qu’une seule contrebasse à l’orchestre de l’Opéra, et l’on ne s’en servait que le vendredi, jour du beau monde. Gossec en fit ajouter une seconde, et Philidor une troisième en 1767, pour la première représentation de son opéra Ernelinde, princesse de Norvège, dont les paroles étaient de Poinsinet.

L’Opéra était donc bien en retard, pour la contrebasse, sur la Musique de la Chapelle ; car on a vu dans notre liste des violons du roi que, nommé en 1663, « Pierre Chabanceau de la Barre joue du théorbe, ou de la grosse basse de violon[2]. ».

En 1792, lorsque les musiciens ordinaires du roi de France furent congédiés, il s’y trouvait deux contrebassistes, les nommés Ravida et Gélineck.

Le nombre des cordes de la contrebasse a beaucoup varié. De cinq, au temps de Prætorius, il est descendu à trois seulement ; puis on en a remis une quatrième, et parfois,

  1. Ce buffet, sur lequel on voit plusieurs musiciens grotesques jouant de la flûte, de la trompe de chasse, du basson, etc., appartient à Mme Marie Giroux. Il est de la fin du xviie siècle et provient de l’ancien couvent de Marmoutier, près Saverne.
  2. L’État de la France, 1702, p. 18.