Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/137

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duite. — Voilà comme vous faites toujours, Molière, dit Chapelle, vous me commettez sans cesse avec des ânes qui ne peuvent savoir si j’ai raison. Il y a une heure que j’use mes poulmons, et je n’en suis pas plus avancé. »

Chapelle reprochoit toujours à Molière son humeur rêveuse ; il vouloit qu’il fût d’une société aussi agréable que la sienne ; il le vouloir en tout assujettir à son caractère ; et que sans s’embarasser de rien il fût toujours préparé à la joie. « Ohl Monsieur, lui répondit Molière, vous êtes bien plaisant. Il vous est aisé de vous faire ce système de vivre ; vous êtes isolé de tout ; et vous pouvez penser quinze jours durant à un bon mot, sans que personne vous trouble, et aller après, toujours chaud de vin, le débiter partout aux dépens de vos amis ; vous n’avez que cela a faire. Mais si vous étiez, comme moi, occupé de plaire au Roi, et si vous aviez quarante ou cinquante personnes, qui n’entendent point