Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/182

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La Cour se plaisait aux spectacles, aux sentimens de la Princesse d’Élide, des Amans magnifiques, de Psyché ; et ne dédaignoit pas de rire à Scapin, au Mariage forcé, à la Comtesse d’Escarbagnas. Le peuple ne cherchoit que la farce, et négligeoit ce qui étoit au-dessus de sa portée. L’habile homme vouloit qu’un Auteur comme Molière conduisit son sujet, et remplit noblement, en suivant la nature, le caractère qu’il avoit choisi à l’exemple de Térence. On le voit par le jugement que Mr des Préaux fait de Molière dans son Art Poétique :

Ne faites point parler vos acteurs au hazard,
Un vieillard en jeune homme, un jeune homme en vieillard.
Etudiez la Cour et connoissez la Ville :
L’une et l’autre est toujours en modèles fertile.
C’est par là que Molière illustrant ses écrits,
Peut-être de son art eût remporté le prix,
Si moins ami du peuple en ses doctes peintures,
Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures,
Quité, pour le bouffon, l’agréable et le fin,
Et sans honte à Térence allié Tabarin.
Dans ce sac ridicule où Scapin s’envelope,
Je ne reconnois point l’auteur du Misantrope, etc.