Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/242

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les connoît pas, puisqu’il n’a point remarqué que la plupart des Comédiens ne les observent point. On trouve presque toujours au Spectacle les rolles mal distribués : des voix ingrates qui ne peuvent fournir dans les mouvemens ; de glapissantes, dès qu’elles s’élèvent ; de foibles, qui ne se font point entendre ; de trop claires, qui n’imposent point, et qui ne peuvent varier dans la passion ; des Acteurs qui sans raison précipitent leur voix, par hémistiche, et qui font perdre la moitié de ce qu’ils disent : défaut qui s’est glissé au Théâtre depuis quelques années. Peu atentifs à leur jeu, ils expriment souvent l’emportement, comme la tendresse ; le récit, comme le commandement : en un mot ils ne daignent pas sortir du ton qui leur est naturel pour entrer dans la passion. Ils ne négligent pas moins leurs gestes. Il y en a qui en ont de lents, d’autres de précipités ; quelques-uns en ont de rudes, quelques autres d’affetés, et souvent mal ménagés, faute d’étudier le sens de l’Auteur. Toute leur science, disent-ils, est de bien observer la ponctuation. Mais avons-nous des points pour toutes les passions, pour toutes les figures ? Nous ne connaissons que les points fermés, les points