Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/245

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Je souhaite en avoir assez dit pour qu’il puisse comprendre que les principes de l’Orateur, qui prononce en public, sont communs à la Chaire et au Théâtre ; et qu’ainsi Mr de Chapelle ne parloit point tout-à-fait comme un extravagant, lorsqu’il dit que le fils de l’Avocat, qui vouloit se donner au Théâtre, feroit un vol au public, s’il ne se fesoit Prédicateur, ou Comédien. J’avoue qu’il y a dans ces paroles un air de libertinage et d’impiété, qui révolte ; se faire Prédicateur, ou se faire Comédien sont deux choses qui ne peuvent se mettre dans une même balance que par des gens qui n’ont aucun sentiment de Religion ; mais cependant il ne laisse pas d’être vrai que la vue générale de ces deux professions si opposées, est la même : c’est de toucher celui qui écoute. Et c’est si bien la même exécution, qu’un bon Prédicateur doit exceller dans le récit d’une Pièce de théâtre ; et ainsi du contraire, suposant à l’un et à l’autre une connoissance égale des principes, et les mêmes dispositions.

Mais, me dira mon Critique, votre Molière ne sçavait point tout cela ; vous dites vous-même qu’il n’eut point de succès dans le tragique : et toutes ces belles règles que