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fut pas de même d’un travailleur, qui, mécontent de voir perdre ainsi le temps à un travail inutile, osa gronder l’Esprit et lui dire des injures. Celui-ci le saisit et le serra si fort, qu’il en eut la tête retournée sens devant derrière. — Sur l’Annaberg, dans la caverne qu’on appelle le Rosenkranz, il a soufflé sur douze mineurs qui travaillaient ; ils en sont morts, et la mine, quoique fort riche en argent, fut abandonnée. Là encore, il s’est montré sous la forme d’un cheval, avec un long cou et des yeux à fleur de tête, qui lançaient des regards effrayans. — Sur le Schneeberg, il a apparu dans la mine de Saint-George, sous la figure d’un moine noir ; il y a saisi un mineur, l’a enlevé de terre et précipité d’en haut, avec une telle force, dans la mine, autrefois très riche en argent, que ses membres en ont été brisés. — Sur le Harz, il a une fois puni, comme il le méritait, un méchant officier de mine, qui se plaisait à tourmenter les pauvres travailleurs. Au moment où celui-ci remontait, l’esprit s’embusqua, invisible pour lui, sur le bord de la fosse, et, comme il sortait, lui écrasa la tête entre ses genoux.