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NOTICE SUR GRISIER.

Grisier a beaucoup vu et il a bien vu ; il a coudoyé des hommes dont Diderot lui-même a Tait le portrait : La Morlière, Saint-Georges, LaBoëssière et une foule d*autres. Il a tiré avec le général Gorgoli, cette providence des étrangers en Russie, ce ministre au cœur et au caractère si nobles. MM. de Narishkine, les princes Sollikoffet Konrakine , les comtes Bobrioski et Samoyioff ont été ses élèves. S. A. I. le duc de Wurtemberg, frère de Timpéralrice mère, le poëte Pushkin, le comte OrlofT, l’appelaient près d’eux pour s’exercer avec lui dans cet art qu’ils aimaient (1). Car ces nobles seigneurs savaient tous, comme Grisier, que Louis XIV, en signant Tarrèt de mort contre les duellistes, signa la même année (étrange contradiction !) des lettres patentes en riiontieur des maîtres d’armes. Vous le voyez se révolter à celte phrase de Mercier : « La raison regarde les maîtres d’armes à peu près comme les anciens gladiateurs (2). d La salle d’armes de Grisier (3), qu’est-ce autre chose, en effet , qu’un salon discipliné, qui n’a rien de commun, grâce au ciel, avec les anciennes tavernes de soldats aux gardes, où l’on ne rencontrait que des gens avinés, bretailieurs et insolents ? (1) Un des beaux succès de Grisier fut celui que lui ménagea , sans le savoir, le général Kabloukoff. Prié d’examiner les maîtres d’armes de quatre régiments des cuirassiers de la garde , sous les ordres de ce général , noire professeur les toucha k coup nomme et selon ses prévisions ; Tinstituteur des maîtres de la garde s’abstint de se présenter à cet assaut.

(2) Mercier, tome 1 , page 381.

(3) Voir rexcellent article publié h ce sujet, par M. Paul Féval, dans V Époque du 14 mars I8/46. La physionomie de la salle de Grisier est merveilleusement rendue dans ce chapitre du roman Le Fils du Diable.