Page:Groulx - Chez nos ancêtres, 1920.djvu/92

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gneurs avaient aussi leur banc, mais après celui du haut justicier ; et le capitaine de la côte prenait place après le seigneur. Tous ces personnages avaient droit à des privilèges spéciaux très minutieusement détaillés et fixés par des règlements de Sa Majesté et des arrêts du Conseil supérieur. Par exemple, tous les dimanches, les fidèles entendaient M. le curé dans son prône, recommander aux prières le seigneur haut justicier et sa famille. À certaines fêtes, un ordre de préséance, un protocole scrupuleux s’imposait. Les cierges, les rameaux, les cendres, le pain bénit devaient être distribués au seigneur haut-justicier, tout de suite après le clergé en surplis, puis au capitaine de la côte, puis aux juges de la seigneurie, avant même les marguillers et les chantres non revêtus de surplis. Dans les processions, le seigneur suivi immédiatement de ses fils marchait le premier derrière le dais. La seigneuresse et ses filles marchaient en tête de toutes les femmes. Et le même ordre se reproduisait comme à l’intérieur de l’église. Ces règlementations minutieuses n’avaient qu’un tort : c’était d’entretenir copieusement les susceptibilités et l’esprit de chicane. Nos vieux dossiers sont tout pleins de l’écho de ces enfantines querelles. Un seigneur, M. Descheneaux exige que le pain bénit lui soit servi solennellement « sur un plat et sous une serviette », et, pour gagner son point, porte l’af-