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L’APPEL DE LA RACE

lard, par les jours sombres et humides du printemps et de l’automne, aimait à réchauffer son cœur vieillissant et ses rhumatismes goutteux. Dans la famille Fletcher, à la vérité, on trouvait bien un peu étranges, depuis quelque temps, les allures du gendre. L’entrée de William à l’université d’Ottawa avait causé une stupéfaction, presque un scandale. Par bonheur le bon sens de Lantagnac avait vite repris le dessus ; et l’enfant était retourné au Loyola Collège. Mais la dernière chose à laquelle on pût s’atteindre, c’était bien que le grand avocat finît par s’occuper de cette misérable question scolaire, par porter aux Frenchies de l’Ontario l’appui de sa parole et de son prestige.

— Ho ! shocking, ho ! very bad ! ne cessait de larmoyer, cet après-midi-là, le vieux Davis Fletcher.

Tout à fait éploré et minable, il allait, montrant à ceux de son bureau les manchettes du journal ; et, pendant qu’il courait de l’un à l’autre, de son pas trotte-menu, son visage de parchemin fané paraissait plus terne et plus gris que jamais.

Sur la sensibilité du vieillard agissaient à la fois, pour exaspérer sa peine et sa colère, les deux passions formidables de l’Anglo-saxon : l’intérêt matériel et l’orgueil de la race. Quand il rentra chez lui, vers les cinq heures, la scène recommença. Maud était là, étant venue prendre conseil. On passa vite contre Lantagnac, aux blâmes