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L’APPEL DE LA RACE

la communauté de la patrie par la communauté de la race ? Le veulent-ils ? Tout est là.

Ce pauvre père Davis en resta pour le coup abasourdi. Il me regarda avec des yeux où il y avait maintenant une angoisse douloureuse. Il jeta dans le cendrier son cigare éteint et se prit à marcher en marmottant avec une affliction vraie :

— Il en est là ! Il en est là !… »

Ces ruptures avec de vieilles amitiés apportaient bien à Jules de Lantagnac quelques souffrances, comme le font toutes les brisures ; elles lui apportaient aussi des joies. Chaque lien rompu avec ces milieux comptait à son âme comme une chaîne dont elle se délivrait. Chaque jour, il le confessait au Père Fabien, il sentait plus vivement en soi le recul d’un étranger, d’un intrus insupportable qu’il lui tardait d’expulser complètement.

Ces joies, ces espérances le soutenaient quelque peu. Elles atténuaient, du moins, les troubles de toute espèce qui chaque jour lui veillaient de son entourage familial. Là, la triste réalité ne cessait point de s’aggraver. Chaque étape de son émancipation y augmentait le malaise ou la mauvaise humeur. Depuis son départ du Country club, les Fletcher ont cessé de le voir ou à peu près. Avec Maud la paix, sans doute, continue de régner, Mais Lantagnac le sait trop : il y a des sentiments qui ne ressuscitent point. Au moral comme au physique rien n’est moins gué-