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L'APPEL DE LA RACE

sur autre chose ; vous ne le nierez pas ? Vous avez compté sur la réprobation de l’opinion publique que vos efforts feraient monter, menaçante, contre les oppresseurs. Vous avez compté particulièrement sur les clameurs, les protestations du Québec. Or, n’êtes-vous pas obligé de convenir que, de ce côté, des personnages illustres qui ont grand crédit dans la province française, blâment sans réserve nos récentes tactiques, ce qu’ils appellent nos injustifiables intransigeances ? Et, franchement, mon Père, n’êtes-vous pas quelque peu alarmé ? N’est-ce pas le signe que du blâme on va passer à l’abandon ?

— Je crois le contraire, répondit le Père Fabien, dont l’air assuré laissait lire d’avance la réponse victorieuse. Je crois le contraire, voulut-il répéter. Le fait est authentique : des donneurs de conseils nous sont venus du vieux Québec ; des ambassadeurs de paix nous ont offert leur médiation. Le geste de quelques-uns était, j’en suis sûr, désintéressé. Mais la voix qui parlait par leur bouche, était-ce vraiment celle de tout le Québec ? Non, Dieu merci, non, cent fois non. Et l’index du Père pointa solennellement vers l’est, comme s’il eut voulut appeler en témoignage le vieux pays natal :

— Le vieux Québec, le vrai, continua-t-il, c’est celui qui, l’année dernière, souscrivait 50, 000 piastres pour nous permettre de continuer la lutte ; le vrai Québec c’est celui de la presse française indépendante, entièrement avec nous ; le