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DANS LA GRANDE ARÈNE

même à dire devant ses enfants que rien n’est plus actif ni plus redoutable, dans la vie du monde, que la prière. Pour lui, rien de grand ne s’accomplissait ici-bas, que par l’insertion de la puissance de Dieu dans l’action de l’homme. Et comme Virginia venait de lui raconter que, dans une certaine société, où l’on avait parlé la veille de la cérémonie de Sainte-Anne, quelques-uns s’étaient permis de juger superflues, pour ne pas dire un peu tapageuses, ces mobilisations d’enfants :

— « Ah ! ces catholiques de salon ! avait protesté Lantagnac. Toujours les mêmes ! » Et il avait ajouté cette parole qui peignait au juste la loyauté religieuse de son âme :

— « Mon enfant, il y a pour moi un illogisme qui est pire que celui des incroyants : celui des croyants qui ne vont pas jusqu’au bout de leur foi, »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quand la foule des enfants eut envahi et empli l’église, la messe commença. Lentement elle se déroula dans le vieux temple, très simple, où, pour tout décor, ne se déployait, ce matin-là, que la solennité des âmes. L’évangile fini, le célébrant tourna un moment le dos à l’autel. En quelques mots, il rappela à la jeune assistance l’intention de ses prières et de ses communions :

— « Mes enfants, dit-il brièvement, c’est pour vos écoles que vous êtes venus prier et communier ce matin. Souvenez-vous de cette grande