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DANS LA GRANDE ARÈNE

Communes, « spécialement à cette époque de sacrifice et d’anxiété universels, alors que toutes les énergies devaient concourir au succès des armes », que la Chambre des Communes, « tout en reconnaissant pleinement le principe de l’autonomie provinciale et la nécessité pour chaque enfant de recevoir une instruction anglaise complète », invitât respectueusement l’assemblée législative (ontarienne) « à faire en sorte qu’atteinte ne fût point portée au privilège des enfants d’origine française de recevoir l’enseignement dans leur langue maternelle. »

La discussion commença tout de suite, dans le silence profond et solennel. Les orateurs de la gauche furent dignes et courageux. Après Ernest Lapointe, Sir Wilfrid Laurier se fit entendre. Au nom du libéralisme, au nom de l’entente franco-anglaise établie en Europe par la guerre, au nom de la justice, le vieil homme d’État conjura le parlement, et particulièrement le ministère, d’user de son influence auprès de l’Assemblée législative d’Ontario, pour en obtenir le redressement des griefs canadiens-français. Le grand parlementaire eut quelques accents plus éloquents, des déclarations plus franches, plus impératives, qui sonnaient dans la Chambre comme le désaveu de la politique de soumission trop souvent prêchée par la même voix. Paul-Emile Lamarche parla. Il le fit en juriste clair et méthodique, avec cette force que donnent à la parole, la longue étude d’un problème et l’indépendance du carac-