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L’APPEL DE LA RACE

tère. Du côté du ministère plusieurs parièrent aussi, quelques-uns avec une mauvaise humeur à peine déguisée, quelques autres avec une colère trop visible, donnant libre cours au fanatisme antifrançais, mais tous butés dans leur résolution d’ignorer les plaintes de la minorité, de les déclarer inopportunes, de laisser la force exercer ses rigueurs tyranniques contre la faiblesse et le droit.

Le débat paraissait fini. Le moment du vote allait sonner. Soudain la Chambre et les tribunes passèrent par une secousse dramatique. Tout ce beau monde qui était venu au spectacle chercher des émotions, avait enfin son coup de théâtre. Un bruissement de têtes, de bustes qui se déplaçaient courut un instant dans les galeries. En bas, les parlementaires eux-mêmes se dévissaient sur leurs sièges ; et tous les yeux se concentraient maintenant vers un même point. Aux bancs de l’arrière-gauche un député venait de se lever. Sa voix d’un timbre prenant et riche résonnait déjà dans l’enceinte, un peu tremblante au début, mais bientôt ferme et forte. Comment donc le député de Russell, car c’était lui, s’était-il ainsi levé de son siège ? Lui-même, à ce moment, se fut à peine retrouvé dans la suite des états d’âme qui l’avaient amené à cette résolution, La droiture naturelle de l’homme avait d’abord souffert, sans doute, du rôle équivoque que lui conférait son silence devant ces miroitements de lorgnettes qui le fouillaient. Son ardeur combative réveillée,