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L'APPEL DE LA RACE

tant les suites prochaines, presque inéluctables, leur étreignaient déjà le cœur. Lantagnac observa tout à coup que la gerbe de roses n’était plus là, sur la table.

— Où est le bouquet de ce midi ? demanda-t-il à la servante.

— C’est Madame qui l’a fait enlever tout à l’heure, répondit celle-ci. Elle m’a priée de porter les roses chez elle.

Ce petit incident en dit long à Lantagnac sur les dispositions de Maud.

— Elle aura vu dans mon discours de cet après-midi, songeait-il, un affreux manquement de parole, une manifestation provocatrice. Et, vraiment, pouvait-elle penser autre chose ?

Ce caractère imprimé, malgré lui, à son intervention dans le débat, faisait, tout à l’heure sa plus grande souffrance, au sortir de la Chambre. Au cours de sa promenade, il se l’était promis résolument ; il confesserait tout à Maud, avec une franchise absolue. Il lui dirait qu’à son entrée au parlement, et même jusqu’au dernier instant, sa résolution suprême avait bien été de s’abstenir. Puis il ajouterait que, tout à coup, une force irrésistible l’avait dressé de son siège, que ses lèvres s’étaient ouvertes et qu’il avait parlé. Il dirait ainsi l’exacte vérité ; il y engagerait sa parole de gentilhomme. Et, devant cette parole, il le savait, Maud s’inclinerait. L’absence de sa femme le contraignit à renvoyer au lendemain l’explication.