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LE COIN TOMBE

temps ces bourgeois et ces bourgeoises, braves gens d’ailleurs, tiennent leur bourse ouverte à tous les quêteurs qui leur viennent de l’étranger et qui leur demandent la charité pour les œuvres que panachent dûment les cercles et les gazettes bon teint. Mais, là, par exemple, proposez-leur d’aller entendre un conférencier, un artiste du pays ! Demandez-leur, si vous l’osez, de lire une revue, un livre de chez eux. Et vous, les lutteurs ontariens, allez leur tendre la main pour le soutien de l’idéal français dans votre province !… Ah ! zut ! par exemple. Rien de tout cela n’est assez « chic » ; vous n’êtes pas à la page, messieurs. La charité pour l’école ontarienne, voyez-vous, ne laisse aucun espoir d’être admis au « party » de son Excellence le gouverneur général K.M.C.G., ou d’afficher son nom dans une grande chronique mondaine. Encore moins peut-elle permettre d’attrapper une médaille, un bout de ruban officiel, un bout de jarretière, et surtout, oh ! surtout, ma chère, le titre mirifique de lady, pour Madame, baronne de Wholesale and Retail et de quelques autres lieux. »

La lettre continuait sur ce ton. Wolfred brossait, avec la même impertinence parfaitement désobligeante, le portrait de « quelques cénacles de freluquets qui se croient des académies », écrivait-il, « et qui ne sont que des sous-cafés d’un sous-Paris » ; « recueils de jouvenceaux dont la spécialité est d’ailleurs la littérature désossée, leur ambition sublime étant de se déraciner, de