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L’APPEL DE LA RACE

diens, du reste, et bien qu’ils en fussent à la troisième génération née au Canada, the Old England, the Old Mother country gardait le charme et la dignité du seul « home », de l’unique patrie. Quand donc, chez les Fletcher, l’on fut bien rassuré sur l’esprit-parfaitement saxonisé du jeune prétendant, toutes les résistances tombèrent. Maud se convertit très sincèrement et Jules de Lantagnac l’épousa. Dans les commencements, le jeune homme en fut à l’exaltation du triomphe ; il se para glorieusement de sa femme comme d’une conquête. Pour lui, anglomane mystique, ce mariage devenait son affiliation officielle à la race supérieure, au populus anglicus. Et il entendit bien que sa descendance continuât la courbe triomphante. Auquel des deux époux, à laquelle des deux races appartiendrait l’âme de ses enfants ? Leurs seuls prénoms reçus au baptême le signifiaient nettement. L’aîné des fils retenait la trace de sa double origine : on l’avait appelé Wolfred-André de Lantagnac ; mais pour les autres un seul prénom avait suffi, prénom de consonance anglaise ; et ils s’appelaient par ordre d’âge : Nellie, Virginia, William.

Wolfred, Nellie, Virginia, William ! Lantagnac prononçait à voix basse ces noms qui lui peignaient mieux que toute chose l’atmosphère délibérément donnée à son foyer.

— Et c’est moi, devait-il convenir, qui me suis laissé imposer ces prénoms. Imposer ! que dis-je ? qui les ai plutôt accueillis joyeusement,