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VERS LA CONQUÊTE

peu mieux, ayant fréquenté au Loyola College des camarades canadiens-français. Mais Nellie et Virginia articulaient, ô ciel ! le vrai français d’essence ontarienne, le pur et authentique Parisian french. Non seulement leur père devait leur apprendre une langue nouvelle, ignorée ; force lui était de nettoyer d’abord leur esprit, du jargon prétentieux et barbare dont un faux enseignement l’avait encombré.

Cependant les vacances prirent fin. La villa fermée l’on s’en revint à la rue Wilbrod. Nellie et Virginia ne retournèrent plus à Loretta Abbey. Leur mère avait décidé de les garder auprès d’elle pour les confier à une institutrice privée. Cette décision de Maud, tout à fait inattendue, intrigua beaucoup Lantagnac qui n’osa pourtant s’y opposer. Wolfred, qui se destinait au droit, au lieu de prendre la route de Toronto, partit pour l’Université française de Montréal, à la grande et joyeuse surprise de son père. Mais Wolfred, le personnage mystérieux qui ne se livrait jamais, désabusa sur-le-champ une joie qu’il estimait trop hâtive.

— Si je vais à Montréal, eut-il soin de préciser, c’est tout naturel ! Je retrouverai là mes camarades du Loyola ; puis devant pratiquer à Ottawa, mon intérêt le plus élémentaire me commande de devenir bilingue.

Quant à William il avait accepté, d’assez mauvaise grâce, sur les vives instances de son père, de prendre le chemin de l’Université