Page:Groulx - Louis Riel et les événements de la Rivière-Rouge en 1869-1870, 1944.djvu/17

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Wolseley ont été rappelées ou licenciées. Il restait 80 hommes pour garder Fort-Garry. Archibald fit appel aux Métis français. Ces malheureux subissaient alors, de la part des immigrants de l’Ontario et des volontaires licenciés, les pires avanies. C’est l’époque où, selon Archibald, certains individus parlaient et agissaient « comme si les Métis français devaient être balayés de la face du monde ». On s’emparait de leurs terres sur la rivière aux Islets-de-Bois. Pour mieux afficher leur esprit de conquête, les spoliateurs changeaient le nom français de cette rivière en celui de rivière Boyne. Un moment Archibald put se croire à la veille de la guerre civile. Cependant, de l’autre côté de la frontière, le chef fénien, O’Donaghue, se dressait avec le prestige d’un ancien membre du gouvernement provisoire. Il se posait en vengeur des insultes et des persécutions prodiguées aux hommes de sa race et de sa foi. Tout semblait donc conjuré pour pousser les Métis français dans les bras des Féniens. Archibald fit appel au clergé, aux notables de Saint-Boniface. Ensemble ils sollicitèrent et obtinrent l’appui de Riel et de Lépine. L’Ouest fut sauvé. Ainsi, du moins, en a jugé Archibald. « Si la Puissance a maintenant une province à protéger au lieu d’avoir à la conquérir », elle le doit, affirmera-t-il, « à ma politique de modération. Si j’avais repoussé les Métis entre les bras de l’ennemi ; si j’avais fermé la porte au repentir et empêché la population de se soumettre loyalement à la Reine, O’Donaghue aurait été secondé par toute la population qui se trouve entre l’Assiniboine et la frontière. Fort-Garry serait tombé aux mains d’une populace armée et les colons anglais au nord de l’Assiniboine auraient subi des horreurs dont la pensée me fait frémir ». Mais qui avait induit la population métisse à prendre en masse le parti qu’elle venait de prendre ? Écoutons encore le témoignage d’Archibald : « Je crois que l’attitude des Métis, lors de l’incursion fénienne, est due aux représentations de leurs chefs, que j’ai déjà mentionnées, et si les Métis eussent pris une attitude différente, je ne crois pas que la province serait maintenant en notre possession ». Archibald a dit encore plus