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Notre Maître, Le Passé

ce et le travail ; que quatre bras courageux qui besognent ensemble, ont encore la partie belle avec la vie, si maussade soit-elle. Puis, les enfants seront eux-mêmes la première richesse. À l’arrivée du douzième ou du vingtième, aussi joyeusement qu’à l’arrivée du premier, l’on continuera de s’écrier, selon la noble formule populaire, « qu’on s’est enrichi » d’un garçon ou d’une fille, à moins que ce ne soit de deux à la fois. Le baptême d’un enfant, sous quelque signe arithmétique qu’il soit venu, est toujours le prétexte d’une joyeuse réunion de parents et d’amis. Et s’il faut, pour les nouveaux-venus, plus de pain dans la huche, plus d’espace à la table, plus de brins de fils ou de laine au métier à tisser, eh bien, il y a là-haut la Providence qui berce les nids pleins avec plus d’amour que les nids vides. Et si enfin de telles élévations de foi donnent un peu le vertige, rappelons-nous avec M. Étienne Lamy, que « ces croyances (de nos aïeux) sont après tout celles de l’Église, et que le plus singulier en ces catholiques, c’est d’être conséquents. »


II

Magnifiquement constituée pour enfanter de la vie, la famille canadienne ne l’était pas moins pour développer et discipliner cette vie, tellement les principes de l’ordre, une fois admis et pratiqués, se développent d’eux-mêmes en conséquences harmonieuses ; et tellement il est vrai que les lois du catholicisme sont en somme les lois de toute vie.

Une éducation véritable, suppose, si nous ne faisons erreur, une loi et une autorité ; une loi qui est celle même de l’être humain, la loi du développement ordonné de ses facultés ; une autorité qui fait exécuter la loi et lui fait rendre sa bienfaisance.