Page:Groulx - Notre maître, le passé, 1924.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
La Famille canadienne-française

mies, contre le nombre hostile qui menaçait de nous étouffer, contre la dispersion plus désastreuse que tous les fléaux, nos pères ont fait vaillamment le recrutement de la race. Si nous, leurs descendants, avions organisé la vie en haut, comme les humbles se donnèrent la peine de la créer en bas, notre force serait encore assez grande pour faire de nous les maîtres de ce pays. Les ancêtres ne se sont pas uniquement acquittés de nous donner le nombre ; ils nous ont transmis, avec un sang pur, les vertus morales qui devaient continuer la transmission de la vie. Après avoir ouvert les sources du fleuve royal, ils lui ont donné l’impulsion victorieuse qui l’emporte encore entre ses rives.

C’est la religion pratiquée dans les vieux foyers, religion illustrée d’héroïsmes quotidiens ; c’est l’éducation dispensée en cette haute atmosphère qui nous a fait notre tranquille endurance, notre vouloir-vivre plus forts que nous-mêmes et ces vertus sociales et privées qu’envient nos plus âpres ennemis.

De cette moisson généreuse d’enfants ainsi formés, l’Église a pu prélever une dîme abondante pour le recrutement de son sacerdoce, pour ses milices d’hommes et de femmes qui ont mis à si bon marché, chez nous, les services de la charité et de l’enseignement, qui méritent déjà à notre jeune race un renom apostolique à travers le monde et qui feront de la fille aînée de la France une digne héritière de la fille aînée de l’Église.

Mesdames, Messieurs, retenons ces quelques vérités essentielles : si la famille canadienne est le joyau de notre histoire ; si elle a fait pour nous de si grandes choses, elle l’a fait par ce qu’elle avait de proprement familial. Si elle fut une vraie