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Notre Maître, Le Passé

justice. Pour quelques poignées de mécontents, pour une insurrection que les ministres de Londres qualifient eux-mêmes de « bagatelle, » on ne tient nul compte à la grande majorité du peuple, de sa réprobation de l’émeute, de ses protestations de loyauté au trône ; mais on nous déclare déchus de notre droit de vivre, et, froidement, l’on fixe le jour de nos obsèques. La « Gazette » de Sherbrooke venait de protester contre l’extraordinaire pouvoir d’impôt conféré par Lord Russel au Conseil spécial. La « Gazette » de Montréal, dont l’esprit ressuscite, sans transformation glorieuse, dans la feuille haineuse de ces derniers mois (applaudissements) — mais alors comme aujourd’hui porte-voix mi-officiel du gouvernement, nous adressait cet aimable avertissement : « Quant à ce que dit notre confrère de l’alarme des Canadiens français devant les taxes nouvelles, cela n’importe aucunement… Il ne leur sera imposé de taxes et de charges par le gouvernement impérial que pour améliorer leur déplorable situation actuelle ; et qu’ils y consentent ou n’y consentent pas, leur approbation ou leur opposition n’a actuellement aucune sorte d’importance… Le temps est venu où les usages aussi bien que les institutions de ces gens doivent être régénérés ; et qu’ils le veuillent ou non, il faut qu’ils se soumettent et qu’ils apprennent à devenir des sujets britanniques plus loyaux, plus industrieux, plus intelligents qu’ils ne l’ont été jusqu’à présent. »

Un autre journal anglais, le « Morning Courier », ne voit qu’un seul moyen de sauvegarder nos meilleurs intérêts, et c’est de nous chasser de la vie politique par la suppression du droit de suffrage. « Nous avons déclaré à haute voix, veut-il bien nous dire le 26 août 1839, que les Français doivent