Page:Groulx - Notre maître, le passé, 1924.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
Notre Maître, Le Passé

religieuse ? « Vous savez que je suis catholique, » disait-il un jour, dans un banquet à Montréal : « j’aime ma religion, la croyant la meilleure ; mais tout en me disant hautement catholique, je crois de mon devoir, comme homme public, de respecter la sincérité et les convictions religieuses des autres ».

Enfin, nous savons, par les aveux d’un homme qui a pu l’observer de très près, que Cartier ne resta jamais en deçà de la pratique religieuse : « Entraîné sans relâche dans le tourbillon de la politique, il n’a peut-être pas toujours suivi à la lettre la pratique de tous ses devoirs religieux. Mais nous sommes certain qu’il a toujours été de cœur avec l’Église. Il n’a pas attendu, comme tant d’autres, la dernière heure, pour mettre en ordre les affaires de sa conscience ; il a voulu y voir longtemps avant de se sentir atteint par le coup fatal. Nous aimons à constater cela, parce que des rumeurs mal fondées, sinon malveillantes, se sont répandues à ce sujet… La foi de G.-E. Cartier était pleine, vivace et entière. Celui qui écrit ces lignes le sait d’autorité. »[1]

Au besoin, les œuvres de l’homme d’État témoigneraient de l’activité sincère de sa foi. Les catholiques canadiens ne pourraient sans ingratitude méconnaître les services signalés qu’au cours de sa longue carrière parlementaire, Cartier rendit à l’Église, « à l’Église que nous chérissons tous, au triomphe de laquelle, s’écriait-il un jour, nous travaillons chacun dans la mesure de nos forces ». Ces services, il crut même un jour devoir les étaler avec quelque complaisance. Il défendait alors devant Mgr Bourget son catholicisme tenu pour

  1. Voir Revue Canadienne, vol, x, p. 432, article de Benjamin Sulte.