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Les Idées Religieuses De Cartier

Mais d’abord les « Programmistes » avaient paré à la difficulté en déclarant ne viser aucunement les protestants, auxquels, disaient-ils, « nous laissons la même liberté qu’ils (les catholiques) réclament pour eux-mêmes ». Puis, comme la brusque franchise de Cartier eût pu facilement riposter que la vérité catholique n’est gênante nulle part ; qu’elle n’empêche d’être ni bon patriote, ni même bon conservateur ; qu’elle n’enlève ni la liberté de l’esprit ni l’esprit de la liberté. Au lieu de cela, le catholique s’effaça devant le politicien et, selon toute apparence, le chef conservateur donna l’ordre aux artilleurs ministériels de la « Minerve » de mitrailler les mécréants du « Nouveau-Monde » et du « Journal des Trois-Rivières ».

En réalité, sir Georges vivait à une époque — qui dure encore — où les politiciens et quelques autres n’admettent guère le journal catholique. Il redouta cette influence nouvelle qui menaçait de substituer la conscience chrétienne au mot d’ordre des chefs politiques. La question des écoles du Nouveau-Brunswick s’annonçait menaçante et les chefs se refusaient à relâcher la discipline du parti.

Voici bien une autre page regrettable dans la vie de Cartier. Concédons qu’à s’en tenir à la lettre brutale des statuts, les catholiques du Nouveau-Brunswick ne possédaient point avant 1867 une loi organique établissant dans leur province un système d’écoles séparées. Mais depuis quand la lettre de la loi est-elle tout en jurisprudence ? Si, avant la signature de la charte fédérative, les catholiques du Nouveau-Brunswick n’exigèrent point de garanties plus explicites ; si l’évêque de la province approuva par un mandement la constitution de 1867, ne serait-ce point que lui et ses fidèles