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Notre Maître, Le Passé

l’un des premiers de son pays, dans la congrégation des Oblats, et, presque aussitôt, s’offrait généreusement pour les missions du Nord-Ouest.

C’était le moment où, à l’appel de Mgr Provencher, la Compagnie des Oblats, arrivée d’hier dans notre pays, s’en allait déployer, dans l’immense nord, la vigueur de son jeune héroïsme. Les nouveaux missionnaires vont reprendre, au delà du lac Supérieur, les routes apostoliques abandonnées depuis cent ans ; à travers ces prairies à peine entrevues par leurs précurseurs de la Nouvelle-France, ils se jettent de l’avant, aussi intrépides que les coureurs de fleuves de jadis. Partout où ils apprennent qu’une tribu d’Indiens a planté ses tentes ou vient errer près d’un poste de traite, ils y volent. Et voici que, dans l’immense steppe américaine, sillonnée jusqu’alors par les seules caravanes de la compagnie de la Baie d’Hudson, l’on vit cheminer ce nouveau traiteur qui ne cherchait que des âmes à baptiser et, pour les joindre, s’enfonçait plus loin que tous les blancs, sous les latitudes polaires. Spectacle plein de majesté qui nous reporte à nos temps héroïques. Une seule œuvre, dans notre histoire, est comparable peut-être à celle des Oblats dans le Nord-Ouest : celle des Jésuites dans l’ancienne Nouvelle-France. Et s’il fallait entre les deux œuvres, marquer une préférence, nous ne savons vraiment si la première n’emporterait pas les plus hauts suffrages. Dans l’une et l’autre de ces entreprises apostoliques, le champ à parcourir est aussi vaste. Mais combien les privations des missionnaires de la région boréale nous semblent plus rudes. Les Oblats n’auront pas, comme les Jésuites, une phalange d’aussi grands martyrs. Mais ces hommes qui, pour rejoindre une petite tribu,