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Notre Maître, Le Passé

charge, de faire réussir les sainctes intentions et desseins des dits Seigneurs roys, avait jugé que le seul moyen de disposer ces peuples à la cognoissance du vray Dieu, estoit de peupler ledit païs de Naturels François Catholiques, pour, par leur exemple, disposer ces peuples à la cognoissance de la Religion Chrestienne… »

Cette simple loyauté de l’Église nous valut de naître du meilleur sang de France et dans la foi catholique. Huguenots et gibiers de prison furent écartés d’une terre où l’on voulait fonder un peuple apôtre. Et comment évaluer ce qu’une telle composition de nos éléments nationaux représentait de cohésion, de vigueur morale, de ferments vertueux ?

Sur ces éléments encore informes, l’Église fit planer son souffle créateur. Née à la vie, notre jeune race dut aborder un autre labeur, non moins âpre, celui de sa croissance. Elle grandit, comme l’on sait, dans la pénurie de l’assistance administrative, presque dans la misère ; à peine sortie du berceau, elle ne connut d’autre jeu que celui de la guerre et, pour conquérir un sol dur entre tous, elle dut manier le fusil presque autant que la hache.

Pour traverser ces rudes débuts, la Nouvelle-France retrouva la même égide. Jusqu’à l’année 1663, date où intervient le roi, ce sont des hommes d’Église, les Récollets puis les Jésuites qui suppléent les compagnies et assistent les gouverneurs. À partir de 1648, le Supérieur des Jésuites fait partie du conseil de la colonie. Bientôt la Nouvelle-France va saluer l’arrivée de François de Laval qui, par le prestige de son caractère et de sa vie, sera le premier personnage du pays. Telle est alors la prédominance de l’élément religieux