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Notre Maître, Le Passé

émouvant : « Âme de mon pays, …âme éternellement reconnaissante, âme joyeuse et vive, âme qui hennis dans le bruit du Rhône et de son vent ! âme des bois harmonieux et des calanques ensoleillées, de la patrie âme pieuse, je t’appelle ! incarne-toi dans mes vers provençaux ! »… Français d’Amérique, fils des pionniers et des conquérants du sol, appelez, vous aussi, de votre accent le plus ému l’âme de votre pays, l’âme de votre race ; appelez-la, le long des fleuves sans fin, au bord des lacs, au fond des bois mystérieux, à la bordure des champs, partout où vos aïeux ont laissé l’empreinte de leur vie ; appelez-la de votre voix la plus chaude et la plus confiante. Et cette âme de la race et du pays viendra vous dire, dans une rumeur de poème épique, que nulle histoire ne tient plus de place que la vôtre dans les premiers fastes de ce continent, et qu’en son témoignage, résident peut-être vos titres les plus anciens et les plus sûrs au respect des autres peuples.

L’Acadie entendra l’élégie de son passé pathétique, la voix qui monte de Port-Royal, du bassin des Mines, du pourtour entier de la baie française et jusque des rives plus lointaines de l’Île St-Jean ; ce sera la voix de la vieille Acadie patriarcale chantée par Raynal et par Longfellow ; ce sera la plainte immense de l’effroyable déportation, le long martyre d’un peuple découpé, dispersé comme une étoffe mise en lambeaux et qu’on jette au vent ; ce sera aussi le chant du retour, la voix de la terre qui rappelle ses fils, les possesseurs les plus anciens et les seuls légitimes.

L’Ontario français entendra monter, lui, par toutes les routes qui marchent, par le fleuve et