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Pour Qu’on Écrive L’Histoire

sorte la voie sacrée de la Nouvelle-France qui se déploie devant vous. Ce chemin, c’est la route triomphale parcourue par le va-et-vient de nos petites légions ailées, la voie semée de victoires dont les noms s’élèvent comme des arcs de triomphe, la voie qui côtoye la colline de Carillon, colline inspirée vers laquelle se tournaient jadis, les espoirs penchants des dieux, et où la légende du drapeau blanc choisissait de mourir avec le vieux soldat de Crémazie.

Allez encore un peu plus vers l’Ouest, dans le bassin de l’Ohio. Voici la route par où les grands explorateurs vont essayer leurs premières chevauchées. Puis, voici encore le bassin du Michigan où se dresse la haute statue des fils de Loyola. Ceux-là sont les missionnaires qui, selon votre historien Bancroft, « cinq ans avant qu’Elliot de la Nouvelle-Angleterre eût adressé un seul mot aux sauvages qui se trouvaient à moins de six milles de Boston, plantaient la croix au Sault-Sainte-Marie d’où ils portaient leurs regards vers le pays des Sioux et la vallée du Mississipi. » Ce sont les mêmes qui, nullement découragés par la catastrophe où disparut l’Huronie, reprennent plus au sud l’organisation de nouvelles chrétientés, et, sans le coup fatal de 1760, eussent peut-être changé la destinée religieuse de l’Amérique.

Nous voici enfin plus au sud et plus à l’ouest, aux sources du grand Meschacébé immortalisé par vos pères avant de l’être par Chateaubriand. Mesurez, je vous prie, l’arène immense sillonnée par le fleuve et où se ramifient ses nombreux affluents ; songez qu’il n’est pas un coin de ce vaste pays, pas une plaine, pas une rivière, pas une forêt qui n’ait vu passer les Argonautes de la Nouvelle-France ; comptez qu’il leur a fallu