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une grande date

s’attacher à la fortune de Cavelier de la Salle : « la réputation de M. de la Salle, la grandeur de son entreprise, la curiosité naturelle aux hommes ». Entendez le Père Marquette nous confier l’exultation où ils se sentent, lui et son jeune compagnon, à leur départ pour la grande aventure : « La joie que nous avions d’être choisis pour cette expédition animait nos courages et nous rendait agréables les peines que nous avions à ramer depuis le matin jusqu’au soir ». Et quand, un mois plus tard, les canotiers débouchent sur le « Père des eaux », ils le font « avec une joie qui ne se peut exprimer ». Ces explorateurs sont si bien persuadés d’accomplir une œuvre où s’attachent des intérêts supérieurs, qu’on les voit la recommander au ciel de la façon la plus touchante. Le Père Marquette recommande son voyage à « la sainte Vierge immaculée ». Si elle lui accorde de découvrir la grande rivière, il fait vœu de donner au nouveau fleuve le nom de la Conception. À l’heure où, effrayés tout à coup de leur audace, ces sept Français — ils ne sont que sept — quittent les eaux qui vont à Québec pour prendre celles qui se déversent vers le sud, les compagnons de Marquette et de Jolliet, à genoux sur la rive, commencent tous ensemble « une nouvelle dévotion à la sainte Vierge Immaculée ».

Pourquoi ne pas l’ajouter ? La Nouvelle-France a cet avantage sur ses rivaux de posséder, parmi ses explorateurs, les missionnaires. Ces hommes sont un élément de découvertes. Une force intérieure, plus puissante que l’atavisme chevaleresque, les pousse en avant. Voici le Père Albanel qui revient de la baie d’Hudson ; il a parcouru 800 lieues, plus de 600 en moins de quarante jours. Et pourtant avec quel allègre courage le