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La Découverte Du Mississipi

l’année suivante, un voyage au Mississipi, lorsqu’il fut rappelé à Québec par ses supérieurs.

En résumé, avant de s’embarquer, Jolliet et Marquette savent que, du fond de la baie des Puants, on peut se rendre au fleuve inconnu. Une première rivière tributaire du Michigan les mènera au pays de la Folle-Avoine, d’où, par un portage très court, ils tomberont dans une autre rivière qui les mènera au Wisconsin, et, du Wisconsin, ils atteindront le Mississipi qui les conduira jusqu’à la mer.

Il en fut ainsi. Parvenus au fond de la baie des Puants, les voyageurs entrent dans la rivière Ménominie. Le long de cette rivière, ils abordent, le 7 juin, chez les Maskoutens, point extrême que les Français aient encore touché. Désormais c’est l’inconnu. Le 10 juin, prenant avec eux deux guides Miamis, ils s’engagent dans une série de petits lacs et de marais où il leur faut deviner le cours de la rivière aux Renards. Au bout de cette rivière ils font un portage de 2,700 pas. À ce moment, les guides disent adieu aux voyageurs : voici le Wisconsin. Les canotiers quittent alors les eaux qui vont à Québec et entrent dans le réseau des fleuves qui mènent vers le sud. Avant de s’élancer vers le mystère, saisis d’un peu d’effroi, ils se mettent à genoux sur la rive, et prient la « Sainte Vierge Immaculée ». Trois ou quatre jours encore ils naviguent vigoureusement. Enfin, le 17 juin, un samedi, un confluent se présente devant eux ; un autre fleuve est là bordé d’un côté par une haute chaîne de montagnes, de l’autre ouvrant la vue sur de belles terres vertes et plantureuses. Ce fleuve coule des eaux solennelles et profondes. C’est lui, le Mississipi, le « Père des eaux ».