personne ne vint. Il nous fallut, la Mère et moi, de l’écurie où nous étions blotties, assister à ce grand malheur, sans même pouvoir seulement prier, tant nous étions tremblantes et sans courage. Lorsque le soleil se leva, tout était consumé. Le chien allait de ci de là, parmi la cour, en gémissant, et comme perdu.
Je voulais partir sur les routes, essayer de retrouver l’Homme, le ramener ici, et puis… Et puis… je n’y voyais plus clair. La Mère me raisonna doucement : « C’est une bonne chose qu’ils aillent aux Iles, c’est la chose qu’il fallait qu’ils fassent. Et s’ils revenaient à présent, ma pauvre fille, qu’est-ce que cela pourrait nous donner ? »
Nous restâmes là quelques semaines. Et un matin — il n’y avait plus rien à manger — je décidai, malgré la Mère, d’aller vers les gens du village. Le premier enfant que je vis, un de ceux qui venaient à la ferme autrefois, pour écouter l’Homme, se sauva dès qu’il m’aperçut. Toute la grand’rue était déserte. Il était dix heures du matin. On eût dit qu’il était deux heures par un jour brûlant d’été, quand tous les hommes sont endormis. Les volets étaient même poussés et des maisons paraissaient mortes. Je compris tout quand j’arri-