Page:Grout - Passage de l'homme, 1943.djvu/15

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II

La vieille disait :

« Sûrement, sûrement, je ne vous dirai pas tout. Même en faisant bien attention. Les choses, quand on serait mêlé à elles, on ne saurait pas encore les dire. Et ces choses-là, ce sont des choses comme on n’en voit jamais. Oui, c’est comme des choses d’almanach, des choses de livres, des choses trop belles, vous comprenez ; alors, le temps d’ouvrir les yeux, de les frotter pour voir si c’est bien vrai, et elles ont déjà disparu.

C’est un soir qu’il nous est venu. Un soir d’automne, par un grand vent comme aujourd’hui, et à pareille heure. On ne fermait jamais les verrous : le Père ne l’aurait pas permis. Il disait : « Celui qui viendra, si le Bon Dieu a voulu qu’il vienne, est-ce le verrou qui l’empêchera d’entrer ? » Il disait ça dans les maisons où l’on allait pour la veillée. C’était devenu une sorte de refrain. « Celui qui viendra… ! Nous, les deux filles, on s’en-