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PASSAGE DE L’HOMME

Marie la Carrière le remercia. Elle ne pensa sait pas qu’on eût jamais besoin de lui, mais elle était sensible à cette attention et parfaitement contente que l’entrevue eût été si paisible.

Le soir tombant, Monsieur le Curé des Collines s’en alla. Je me rappelle que, lorsqu’il fut arrivé au tournant, à cet endroit où le sentier s’enfonce dans les broussailles, il s’arrêta un long moment, s’appuya des deux mains sur sa canne, et regarda notre village, et puis le Fleuve, au loin, et les pays sans doute, de par-delà le Fleuve. Et peut-être, après cela, il haussa les épaules, ou soupira, je n’en sais rien, mais il reprit sa route et ne descendit plus.

On voulut aussi nous donner un instituteur. Un inspecteur s’en vint un jour de la ville, un bel inspecteur, mon cher Monsieur, et qui portait un faux-col, vous savez, à coins cassés, un faux-col papillon, comme disait Marie la Carrière.

Il nous réunit dans l’école. C’était le soir. On était venu sans conviction, pour voir ; un peu aussi par politesse. L’Idiot était là, au premier rang. Pendant tout le temps que l’inspecteur parla, il ne cessa de sourire, d’un fin sourire qui faisait croire qu’il comprenait, et l’inspecteur évitait de le regarder.