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PASSAGE DE L’HOMME

fond de lui il était content et soulagé.

« Monsieur le Curé, dit l’Homme, je sais pourquoi vous êtes venu, c’est rapport à la communion. Et je n’ai pas fait ce qu’il fallait : j’aurais dû moi-même aller vous voir, et parler de ça avec vous. C’était correct. C’est ce qui se fait dans nos pays, et, dans les Iles, sûrement cela se fait aussi. »

Et dans les Iles ? De quelles îles voulait-il parler ? Mais ce jour-là, je ne retournai pas la question ; je crus même avoir mal compris, et puis, tout ce qui allait venir, c’était tellement plus important ! Il continua :

« Je vous en demande pardon, Monsieur le Curé, cela vous aurait évité cette grande pluie et… »

Il sembla qu’il se perdait, qu’il ne savait plus ce qu’il devait dire. Alors, au lieu de bafouiller, d’ajouter des mots et des mots, il se tut tout bonnement, et il attendit d’y voir plus clair. « Monsieur le Curé, j’ai été un petit enfant, j’ai eu dix ans, et j’ai communié comme les autres. Je sais ce que c’est. Et que c’est une belle chose. Mais c’est pour moi, à présent, une chose finie, une chose toute vide. »

Il s’arrêta et puis il dit, regardant bien droit Monsieur le Curé, de cette voix qui m’avait saisie : « Je n’ai plus besoin de com-