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PASSAGE DE L’HOMME

La seconde histoire, ce fut la maladie de Christiane, une fille de l’âge de Claire, qui avait communié en même temps qu’elle. Elle avait attrapé, comme on dit ici, un « chaud et froid », et elle toussait, depuis ce temps-là, un peu plus chaque jour, et plus profond, et voilà qu’elle était malade, et on disait qu’elle s’en allait de la poitrine, et qu’elle allait bientôt mourir. Un jour, un des enfants qui venaient chez nous demanda pour elle une « Chose des Iles ». Et peut-être Christiane n’y avait-elle point songé elle-même, mais l’enfant pensait qu’une « Chose des Iles », c’était une belle chose à regarder, et que lorsqu’on a une belle chose devant soi, et un gros rhume, on pense moins à tousser et à pleurer. L’Homme lui donna cette Chose qu’on appelait « La Première ». Cela faisait penser à une jeune fille qui aurait vécu avant que la mort ne tombât sur nous, ou à une plante de ce jardin dont il est parlé dans la Genèse. Une telle fraîcheur, une joie si tranquille et si forte, un jaillissement… Mais non, Monsieur, j’ai beau chercher : les Choses des Iles, on ne peut pas les raconter.

Et Christiane regarda cette chose qui s’appelait « La Première ». Et elle toussa un peu moins chaque jour, et elle devint plus gaie, et elle guérit. Et elle disait : « C’est la Chose des