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LE SURVENANT

qu’il faudrait enlever avant la neige, les piquets à poser, le maçonnage de la cheminée, enfin, tout. Au Chenal, plusieurs cultivateurs, sauf Pierre-Côme Provençal, commençaient à regretter qu’il n’eût pas échoué chez eux plutôt que chez les Beauchemin : un peu plus il leur ferait honneur. À une corvée de route, la veille, Didace n’avait-il pas pris sa défense ouvertement et un peu au détriment d’Amable ? Un poissonnier de Maska avait demandé en passant :

— Qui, celui à tête rouge qui travaille comme un déchaîné à l’autre bout ?

Joinville Provençal répondit :

— C’est le Venant aux Beauchemin.

Amable s’emporta :

— Il est pas plus Beauchemin que toi, Provençal. Il est pas Beauchemin pantoute, si tu veux le savoir.

— Ouvre-toi donc les oreilles avant de parler. J’ai pas dit : Venant Beauchemin. J’ai dit : le Venant aux Beauchemin. Tu parles trop vite, toi, il va t’arriver malheur.

Le Mascoutain s’entêta :

— Comment c’est qu’il se nomme d’abord, Amable ?

— On le sait pas plus que toi. C’est un survenant.

— Ah ! fit l’autre, désappointé, c’est rien qu’un grand dieu des routes. Je pensais que c’était au moins