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MARIE-DIDACE

— À part de ça, quand j’étais jeune, je buvais comme un trou…

L’abbé Lebrun eut beau lui demander de baisser la voix, Didace n’en continua pas moins à se confesser tout haut :

— Je buvais comme un trou…

Didace Beauchemin n’avait rien à cacher. Sa fin ressemblerait à sa vie : il partirait, face aux quatre vents, par le chemin du roi :

— … je manquais rarement un coup. Et quand j’étais chaud, je cherchais rien qu’à me battre. Je me battais, un vrai yâble ! Et j’étais un bon homme un peu rare. J’ai donné des rondes, c’est vrai, mais j’en ai mangé des rôdeuses. Je sacrais comme un démon. À tout bout de champ. Pour rien. J’allais voir les femmes des autres. J’m’en cachais pas. Mais je me confessais tous les premiers vendredis. Aujourd’hui, je prends rarement un coup. Je sacre presquement p’us et je couraille jamais. Seulement, je vas pas souvent à confesse.

Didace se tut. Le prêtre lui demanda :

— Est-ce tout ?

Après avoir réfléchi, Didace répondit :

— J’haïrais pas… prendre la tempérance pour la vie.

— Je veux dire : tout ce que vous avez sur la conscience ?