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MARIE-DIDACE

Elle attendit qu’il en dît davantage, mais en vain.

L’après-midi traîna, malgré les allées et venues des voisins. Les heures, lourdes de chaleur et d’anxiété, n’avaient pas de fin. Quand l’horloge jetait ses coups précipités, dans la cuisine, on tressautait. Le silence et l’oisiveté rendaient ce jour d’angoisse semblable à un dimanche. Le vent était tombé. De nouveau, les mouches collaient à tout. Dans l’herbage la cigale chantait.

Un yacht amena Marie-Amanda sur le coup de six heures. Les yeux cernés et mouvant péniblement son corps massif alourdi d’un huitième enfant, elle se dirigea, son chapeau encore à la main, à la chambre du père Didace.

À la vue de sa fille, un faible sourire anima le regard du malade.

— Je t’attendais, dit-il. Approche que je te parle !

Puis, après un effort, il reprit :

— J’m’en vas. J’en ai pas pour longtemps.

Marie-Amanda voulut l’encourager :

— Pourtant vous avez pas l’air d’être au bout de votre fusée ?

De la main il l’arrêta. Les autres pouvaient le tricher. Pas Marie-Amanda.

— Approche encore : je veux te parler, te demander pardon…

— Pardon ?