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MARIE-DIDACE

— De quoi ?

— Le troupeau peut périr. On se réveillerait dans le chemin. Et tu dors ! Il y a eu des voleurs d’animaux sur la commune.

— Quelques maquignons, p’t’être ben ? Des campions, tout probable…

— Que ça soit qui ça voudra, si c’est nos cochons qu’ils ont volés…

— Ouais, ben, tu veux toujours pas que je parte à la nage après ?

Elle pensa de l’aiguillonner.

— Les Provençal, eux autres, sont rendus il y a une bonne escousse.

Le mot resta sans effet sur Amable.

— Puis ton père qui est pas encore rentré…

— Ah ! il a dû attendre un chaland de pommes, au bassin, à Sorel. Il en a parlé, encore l’autre jour.

— T’as toujours quelque défaite. Mais tu trouves pas ça étrange qu’il chasse même pas c’t’automne ?

Amable ne répondit pas.

— Remarque bien ma parole, lui dit Phonsine. À la première nouvelle, il nous ressourdra marié.

Amable, que ces propos contrariaient, se retourna vers le mur :

— Attire donc pas le malheur, je t’en prie, il se passera ben de ton aide. On fait rien que commencer à respirer en paix. Dors !