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MARIE-DIDACE

— Essaye pas, t’en as de caché dans le quart d’avoine, à la grange. C’est pas pour moi, tu comprends ben que si j’avais le goût d’en manger, j’aurais qu’à aller me tuer un bouillon. C’est pour deux gros messieurs de Montréal qui en veulent, une vraie démangeaison. Ils te les paieraient jusqu’à trois trente sous le couple, mais pas une taule de plus.

« À ce compte-là, pensa Didace, je ferai encore un joli profit sur lui. »

— Non ! répondit Pierre-Côme.

Les bons gardes-chasse se recrutent parmi les meilleurs chasseurs. Après avoir été un fameux tireur et un rusé braconnier comme il s’en trouvait peu, Pierre-Côme mettait au service de la loi sa connaissance du pays et ses anciens tours. De plus, il se piquait d’honneur d’être aussi strict avec ses quatre gars qu’avec le premier maraudeur.

Devant le monde, il faisait la leçon à ses fils. Sévère, le verbe haut, ses gros pouces arrogants levés aux entournures, il disait pour que chacun l’entendît :

— Que je vous prenne jamais à chasser en temps défendu ! Garçons ou pas garçons, vous paierez l’amende comme les autres !

Mais quand il partait en tournée d’inspection, il